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mercredi 19 janvier 2011

Neige maya

Auteur : Lucie Dufresne 
Éditions : VLB (2010)
Nombre de pages : 496  

Résumé : Anik Thibault obtient une bourse pour préparer sa thèse de maîtrise à Coba, au coeur du mystérieux pays maya. Sa directrice de thèse, membre de Transparence mondiale, lui demande de profiter de son séjour pour s'informer sur de prétendues malversations, car elle reçoit des documents d'un mystérieux internaute qui se fait appeler Mambo. D'après lui, derrière les palmiers et les plages de sable blanc, le narcotrafic et la corruption sont devenus de véritables gangrènes pour la Riviera Maya. Anik se sent prête à assumer son destin d'aventurière et relève le défi!

Son voyage l'amènera à faire de nombreuses découvertes, des vestiges de l'époque classique jusqu'aux paysans mayas d'aujourd'hui, héritiers d'une civilisation qui lutte pour sa survie. Hypnotisée par Hadrian, un beau relationniste, elle s'embourbera peu à peu dans les réseaux du narcotrafic et prendra tous les risques, dont l'amour n'est pas le moindre.

Mon avis :

Avec ce deuxième roman de Lucie Dufresne (mais le premier que je lis), le dépaysement fut total.  À travers le voyage d'Anik Thibault au Mexique, l'auteure nous fait découvrir la réalité du peuple maya, descendant d'une civilisation mythique, bâtisseuse de nombreuses cités et pyramides.  On voit que dans ce pays, la plus grande richesse côtoie la plus grande pauvreté.  La corruption règne et la drogue coule à flots!  On pourrait quasiment dire qu'il en neige! Excusez le jeu de mots facile avec le titre du roman...

La plume de Lucie Dufresne est solide et essentiellement descriptive.  On voit les difficiles conditions de vie de ces paysans mayas, comme on s'imagine sans mal la beauté paradisiaque des plages et la tranquille pérennité des ruines millénaires.  Lucie Dufresne nous expose le tout avec beaucoup de détails, mais sans aucune concession, que ce soit pour en atténuer l'impact ou pour préserver notre sensibilité de gringo.  Elle fustige autant les effets destructeurs du tourisme  sur la faune et la culture locales, que l'indifférence des politiciens qui s'en mettent plein les poches sur le dos des pauvres. 

On s'aperçoit que les vrais dirigeants de ce pays sont les narcotrafiquants qui font ce qu'ils veulent aux yeux et à la barbe des autorités, tout en enchaînant la population dans un engrenage sans fin : comment ne pas fermer les yeux sur la provenance de cet argent qui permet de nourrir la famille et de garder ainsi une certaine dignité? On a l'impression de se retrouver sur une autre planète, à des siècles de notre monde d'aujourd'hui.

Lucie Dufresne nous présente le peuple maya comme chaleureux, accueillant, un peu méfiant de prime abord, mais qui saura accepter la doctora gringa.  C'est aussi un peuple fier, croyant, attaché à sa culture et à sa langue, qui a toujours résisté à l'assaillant, mais presque en voie de disparition à cause d'une grande pauvreté.  Lucie Dufresne nous apprend beaucoup de choses sur les Mayas.  Elle a fait de nombreux voyages au Mexique et a écrit plusieurs ouvrages sur les Mayas, alors on voit qu'elle connaît le sujet.

Anik Thibault est un personnage attachant, malgré qu'elle soit naïve et téméraire.  Elle a le coeur sur la main et n'hésite pas à prendre des risques pour aider la famille de sa logeuse.  Je la regardais aller si insouciante, et je me disais quand est-ce qu'elle va rencontrer un os!?  Elle est bien sympathique, mais ne me semble pas très crédible dans son rôle de justicière pourfendant la corruption de la société mexicaine.  Elle en profite quand même de cette «manne empoisonnée»!  Et j'ai trouvé qu'elle tournait en rond, entre ses tentatives pour démasquer le fameux Mambo, ses longues recherches pour sa thèse et les nuits endiablées passées entre les bras du beau Hadrien. 

Au final, un roman intéressant pour son portrait du peuple maya et agréable à lire pour l'exotisme qu'il apporte.  Lucie Dufresne a écrit un autre livre, L'Homme-ouragan, que j'ai bien l'intention de me procurer!

Citation : «Les Mayas sont de bons conteurs : l'anthropologue s'initie avec bonheur aux réseaux complexes entre familles, alliés et contacts politiques. « Une société pyramidale… Régie à d'autres époques par un roi-dieu, ou maintenant par un président désigné. » L'image de la communauté se précise.  Il y a des familles pauvres, avec enfants rachitiques, et d'autres qui s'en tirent mieux grâce aux rejetons qui travaillent en ville.  Dans le microcosme de Coba, deux mondes se superposent : la paysannerie maya et l'élite espagnole, plus ou moins blanche.  Les agriculteurs gagnent environ un dollar par jour.  Ceux-ci forment la majorité du village ; ils parlent le plus souvent maya et vivent au rythme du maïs et des pluies.  La classe aisée locale comprend une vingtaine de personnes, commerçants, professeurs, policiers. La plupart non originaires de Coba.  L'espagnol est leur langue maternelle et leurs salaires sont fixés et versés par l'État.» (P.354-355).

Couverture et résumé : Renaud-Bray

3 commentaires:

Suzanne a dit…

Merci de toutes tes bonnes suggestions.

Joelle a dit…

Je note mais sans grand espoir de le trouver de ce côté-ci de l'Atlantique !

Opaline a dit…

Suzanne : De rien, ça me fait plaisir! ;)

Joelle : Peut-être pourrais-tu vérifier avec des sites Internet qui vendent des livres? Et je pourrais peut-être te trouver quel est le distributeur en France de cette maison d'éditions québécoise?