Auteur : Carolyn D. Wall
Éditions : Points (2011)
Nombre de pages : 412
Résumé : Cet hiver 1938 est le plus froid qu’on ait vu ici, à Aurora, Kentucky. Je vis seule avec ma mère à moitié folle, et l’amour de ma vie, mon petit-fils Will’m. On tient l’épicerie ? parfois les gens paient en oignons jaunes ou en poules pondeuses. Sans les fils Phelps et leurs copains chasseurs qui traquent les loups, on serait heureux. Mais les Phelps rôdent, et je sens bien qu’ils cachent quelque chose…
Mon avis :
Quand j'ai envie de me lover entre les pages d'un livre comme je me blottirais dans une chaude couverture...
Quand je voudrais à la fois ralentir la lecture d'un livre pour demeurer en compagnie de ses personnages et l'accélérer pour connaître la suite de l'histoire...
Tout cela est bon signe pour un roman!
Olivia Harker n'est pas une femme sympathique, elle est d'un abord rude, elle vit retirée avec sa mère et son petit-fils, elle est têtue et a son franc-parler. Mais quand elle raconte son histoire, on comprend comment et pourquoi elle est une femme solitaire et renfermée.
Olivia n'a pas été désirée par sa mère, Ida, qui a cherché à s'en débarrasser avant même sa naissance. Alors qu'Olivia n'est âgée que de quelques mois, son père se voit obligée d'interner Ida. Olivia sera élevée par son père, épicier et vétérinaire autodidacte et contrebandier à ses heures. Ils ne sont pas riches, mais ils s'aiment et ça leur suffit. Olivia apprend la liberté et la tolérance, et se fait des amis dans la communauté noire d'Aurora, alors que dans le Sud des États-Unis, la ségrégation a toujours cours.
À peine âgée de dix ans, Olivia est perturbée par le retour de sa mère. Elle s'en méfie, mais elle ne peut s'empêcher d'espérer, un signe de reconnaissance, d'affection. Mais Ida n'est pas maternelle. Une guerre larvée s'installe entre les deux. Un soir d'hiver, Olivia et son père ont un accident de voiture. Olivia est gravement blessée. Et on lui dit que son père est décédé.
Pour Olivia, c’est la fin du monde, la fin de son monde. Pour payer les factures, sa mère se met à recevoir des hommes. Olivia se referme et devient méchante avec sa mère. Au début de l'adolescence, Olivia tombe amoureuse de Wing, un trompettiste. Les parents de ce dernier décèdent et il est obligé de tenir seul l'hôtel familial. Il s’éloigne d’Olivia qui lui en veut terriblement. Emmurés en eux-mêmes, incapables de se rejoindre, commence pour les amoureux un exil qui durera près de trente ans.
Olivia s'enfonce dans une indifférence totale. Elle a tout déjà tout perdu, elle se fout de tout. Elle s'installe dans un petit bar, où pour quelques dollars, les hommes l’amènent dans la salle du fond pour trente minutes de plaisir. Enceinte à quinze ans, elle retourne chez elle et accouche d'une petite fille, Pauline. Elle ignore qui en est le père. Quelques mois plus tard, un homme accepte de l'épouser. Ils vivront une dizaine d'années ensemble et il sera un père pour Pauline. Mais cet homme décède aussi et Pauline s'effondre. Elle se donne à son tour à des hommes. Elle devient enceinte et abandonne son bébé à Olivia.
Une dizaine d'années plus tard, Olivia élève seule son petit-fils William, qu'elle aime profondément. Sa mère Ida demeure avec eux, mais Olivia la tolère à peine. Sur leur terrain vivent des loups argentés que le grand-père d'Olivia a ramenés d'Alaska. Olivia leur est très attachée, ils font partie de sa famille. Des chasseurs s'amusent à les tuer. Olivia est révoltée. Elle enquête et découvre des secrets de son passé. Voilà pour le résumé de l'histoire.
J'aime beaucoup les romans intimistes. L'auteure nous fait entrer dans le quotidien d'Olivia, elle partage avec nous ses faits et gestes, sa vie de tous les jours, mais aussi ses réflexions et ses émotions. Je me suis sentie très proche d'Olivia, j'avais l'impression de faire partie de sa famille. En ne nous cachant rien, en nous présentant le bon comme le mauvais, l'auteure nous laisse libre d'accepter Olivia. Moi, j'ai décidé de l'accepter totalement, dans sa rudesse envers sa mère, avec toute sa colère face à l'existence, dans sa vulnérabilité, mais surtout avec tout son amour pour son petit-fils, son père et Wing. Olivia est un grand personnage féminin. Elle est courageuse, intègre et n'a pas eu le choix d'apprendre à se débrouiller. Mais derrière sa force, au fond d'elle-même, elle reste cette petite fille candide et mal aimée.
Les personnages sont très importants dans Aurora, Kentucky et c'est une des grandes forces de ce roman. Car en plus de raconter l'histoire d'Olivia, il raconte l'histoire de cette petite ville et ses habitants. Même s'ils sont des citoyens de seconde zone, les Noirs occupent une place importante dans l'histoire. À travers son père et malgré la ségrégation qui règne, Olivia apprend la tolérance. Pour elle, il est naturel de côtoyer les Noirs, mais elle doit quand même faire comme les autres et en apparence, les ostraciser. Parmi mes personnages préférés, il y a Love Alice, capable de lire dans l'avenir et son mari Junk, un homme simple et attachant. J'ai admiré leur courage, car malgré la violence et les persécutions, ils continuaient à vivre et à aimer.
Je connaissais la Grande Dépression, mais je ne m'attendais pas à ce que j’ai appris dans Aurora, Kentucky. Les gens vivaient dans le plus total dénuement, souvent à plusieurs dans une seule pièce, ils n'avaient rien à manger, devaient porter les mêmes vêtements pendant des années, etc. Ils ne pouvaient pas compter sur l'aide du gouvernement comme aujourd'hui. Par exemple, Olivia nous dit que le gouvernement lui envoyait moins de deux dollars par mois pour son petit-fils! Mais dans tout cela, ce qui m'a le plus frappé, c'est la misère morale de ces gens. Ils ne savaient ni lire, ni écrire. Les adolescentes se mariaient à treize ans et perdaient leurs bébés, faute de soins. En plus, la description de la visite d'Olivia dans une institution pour les malades mentaux donne froid dans le dos! Je sais que ce n'est qu'un roman, mais je crois qu'il reflète bien la réalité rurale américaine de cette époque.
Ce fut donc une grande lecture pour moi et un sacré coup de coeur pour un roman presque parfait. Dans les cent dernières pages, j'ai eu de la difficulté à suivre l'histoire, car les évènements s'emballent et qu'il s'y passe beaucoup de choses. Mais quelle fin terrible et frappante, qui ne peut que nous porter à nous interroger sur beaucoup de sujets profonds et vitaux. Je ne peux que vous recommander ce roman émouvant et puissant qui parle d'amour et de haine, de courage et de lâcheté, de chute et de rédemption, bref, de toute l'expérience humaine dans sa riche complexité!
Les personnages sont très importants dans Aurora, Kentucky et c'est une des grandes forces de ce roman. Car en plus de raconter l'histoire d'Olivia, il raconte l'histoire de cette petite ville et ses habitants. Même s'ils sont des citoyens de seconde zone, les Noirs occupent une place importante dans l'histoire. À travers son père et malgré la ségrégation qui règne, Olivia apprend la tolérance. Pour elle, il est naturel de côtoyer les Noirs, mais elle doit quand même faire comme les autres et en apparence, les ostraciser. Parmi mes personnages préférés, il y a Love Alice, capable de lire dans l'avenir et son mari Junk, un homme simple et attachant. J'ai admiré leur courage, car malgré la violence et les persécutions, ils continuaient à vivre et à aimer.
Je connaissais la Grande Dépression, mais je ne m'attendais pas à ce que j’ai appris dans Aurora, Kentucky. Les gens vivaient dans le plus total dénuement, souvent à plusieurs dans une seule pièce, ils n'avaient rien à manger, devaient porter les mêmes vêtements pendant des années, etc. Ils ne pouvaient pas compter sur l'aide du gouvernement comme aujourd'hui. Par exemple, Olivia nous dit que le gouvernement lui envoyait moins de deux dollars par mois pour son petit-fils! Mais dans tout cela, ce qui m'a le plus frappé, c'est la misère morale de ces gens. Ils ne savaient ni lire, ni écrire. Les adolescentes se mariaient à treize ans et perdaient leurs bébés, faute de soins. En plus, la description de la visite d'Olivia dans une institution pour les malades mentaux donne froid dans le dos! Je sais que ce n'est qu'un roman, mais je crois qu'il reflète bien la réalité rurale américaine de cette époque.
Ce fut donc une grande lecture pour moi et un sacré coup de coeur pour un roman presque parfait. Dans les cent dernières pages, j'ai eu de la difficulté à suivre l'histoire, car les évènements s'emballent et qu'il s'y passe beaucoup de choses. Mais quelle fin terrible et frappante, qui ne peut que nous porter à nous interroger sur beaucoup de sujets profonds et vitaux. Je ne peux que vous recommander ce roman émouvant et puissant qui parle d'amour et de haine, de courage et de lâcheté, de chute et de rédemption, bref, de toute l'expérience humaine dans sa riche complexité!
Citations :
«Moi, je sais qui je suis quand je vends de la vanille et de la cardamome, ou que je fais un gâteau au sucre roux avec William. Quand je suis avec Love Alice, je me sens forte et sûre de moi. Mais il se passe quelque chose quand je me retrouve seule. Sans autre regard pour renvoyer le mien, un grand doute m'assaille et, dans ces moments-là, je me demande même si j'existe.» (P. 238)
«Les femmes se transmettent des choses, lui dis-je. De génération en génération. Quand je suis née, Ida était complètement cinglée. Elle n'a jamais été une mère pour moi. Alors, quand j'ai eu Pauline, je n'ai pas su comment m'occuper d'elle. Et ensuite, comme je ne lui avais pas montré, elle n'a pas su quoi faire de toi.» (P. 279)
Merci au défunt site Bibliofolie et aux éditions Points pour
ce magnifique roman qui m'a été offert en partenariat!
8 commentaires:
Je l'avais déjà noté à cause de son titre ;) Et puis, c'est une période que je trouve très intéressante et que je connais trop peu donc je suis sûre d'apprendre plein de choses pendant cette lecture !
Je n'avais jamais entendu parler de ce livre. Il m'intéresse. J'ai vécu au Tennessee 1 an chez une dame qui venait du Kentucky et qui "ne l'avait pas eu facile". Cette région m'intéresse.
"Quand j'ai envie de me lover entre les pages d'un livre comme je me blottirais dans une chaude couverture...
Quand je voudrais à la fois ralentir la lecture d'un livre pour demeurer en compagnie de ses personnages et l'accélérer pour connaître la suite de l'histoire..."
Chère Opaline tu décris tout à fait ce que j'aime de la LECTURE d'un roman coup de coeur !!
Alors je note au carnet !!
Joelle et Mélodie : je crois que vous allez aimer ce roman
CarnetJulie : C'est trop d'honneur! Merci!
J'ai déjà lu plusieurs avis plus que positif et j'avoue être très tentée maintenant, par ce récit.
Très bel avis.
Sans pour autant être un coup de coeur pour moi, j'ai beaucoup aimé et je le conseille aussi sans problème.
Bel avis Opaline
Oh j'ai vraiment très envie, mais très envie de découvrir ce roman. Ce billet est très convainquant.
Un genre qui me plairait bien, je crois !
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