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dimanche 8 juillet 2012

Avant d'aller dormir♥

Auteur : S. J. Watson
Éditions : Sonatine (2011)
Nombre de pages : 400

Résumé : À la suite d'un accident survenu une vingtaine d'années plus tôt, Christine est aujourd'hui affectée d'un cas très rare d'amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu'elle a en fait 47 ans et qu'elle est mariée depuis vingt ans. Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime afin qu'elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence. Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer. Très vite elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé... et sur son présent. 
Mon avis :

Vivre un jour à la fois.  Repartir à zéro.  Ces expressions populaires prennent un sens cruel et ironique pour Christine Lucas dans le roman Avant d'aller dormir.  Cette Anglaise de 47 ans se réveille chaque matin en ayant oublié qui elle est, où elle est, quel âge elle a et qui est cet étranger qui dort à côté d'elle, c'est-à-dire son mari.  À chaque lever du jour, elle doit reconstruire son identité et arriver à vivre 24 heures en devant tout réapprendre ce qu'elle sait.  Mais pas ce dont elle se souvient, car elle ne se rappelle de rien, suite à un accident et elle doit se fier sur ce que lui dit son mari Ben et quelques photos qui lui sont restées après un incendie qui aurait brûlé tous ses biens.  C'est avec beaucoup de difficulté qu'on peut arriver à imaginer l'angoisse, sinon la terreur et le sentiment de confusion, je dirais même de néant qu'on peut éprouver face à une telle situation.

Et je dois vous dire que l'auteur d'Avant d'aller dormir nous transmet de façon magistrale le drame récurrent que vit cette femme et toute la gamme d'émotions par laquelle elle passe.  Un médecin la contacte alors en lui proposant de l'aider.  Elle commence alors à tenir un journal quotidien pour pouvoir être à même de garder une trace de ses faits et de ses pensées pour être à même de recréer un lien entre ses journées et ses souvenirs qui puissent lui servir de mémoire et de par ce fait même, de semblant de vie.  Et chaque jour, petit à petit, elle se redécouvre elle-même, se remémore des petits et grands moments de sa vie, se rappelle qu'elle a eu un fils, etc.  Mais bizarrement, elle cache ses visites au docteur et son journal (où elle a écrit qu'elle ne pouvait lui faire confiance) à son mari, qui semble minimiser ce qu'elle vit et ne pas vouloir qu'elle entreprenne d'autres traitements, de peur d'échouer.  Et il semble que ce traitement commence à faire effet, car même si elle ne souvient toujours pas, elle a de plus en plus de flashbacks et son identité intérieure se fait moins fuyante.

Christine est complètement isolée de par son amnésie, ne se rappelant pas d'un jour à l'autre, qu'elle a un époux, qu'elle a eu un fils, une grande amie, etc.  Elle ne sait pas à qui se fier, sinon à son journal.  Et comme le dit la quatrième de couverture, quand elle commence à remarquer des différences entre ce que lui disent son médecin et son mari et ce qu'elle écrit dans son journal, elle décide d'aller plus loin.  En même temps, elle dépend entièrement de son mari.  Que va-t-il lui arriver si elle ne peut plus se fier à lui?  Elle doit donc se prendre en main et affronter les fantômes de son passé, même si c'est douloureux.

J'ai complètement adhéré à cette histoire et totalement partagé les questionnements et les émotions de Christine Lucas.  Je me suis posée beaucoup de questions sur ce que pourrait être une vie sans nos souvenirs et je me suis aperçue que sans eux, nous ne sommes rien.  Ils sont le matériau même de notre identité et leur continuité nous permet d'évoluer dans la vie.  On pourrait même dire : j'existe parce que je me souviens.  S. J. Watson possède l'art de faire monter lentement la tension jusqu'au paroxysme.  Je tournais avidement les pages du roman et je voulais savoir ce qui allait arriver à Christine.  

La fin m'a totalement bluffée, je ne l'ai pas vue arriver, je ne m'attendais pas à cela du tout et en même, l'explication m'a satisfaite.  C'est un roman totalement psychologique, que l'on savoure jusqu'à la dernière ligne.  Pour son suspense psychologique, son héroïne courageuse et son idée centrale originale, ce fut un coup de coeur.  Le tout est simple, mais efficace.  Et le fait que ce soit un homme qui raconte dans la peau d'une femme est assez crédible.  J'en suis sortie repue comme après un bon repas!

Citation : «Je n'arrive pas à imaginer comment je supporterai de découvrir que ma vie est derrière moi et qu'il n'en reste pas une trace.  Pas de coffre aux trésors plein de souvenirs, pas la moindre richesse issue de l'expérience, pas de sagesse accumulée à transmettre.  Que sommes-nous d'autre que la somme de nos souvenirs?» P. 185

(Lu il y a un bout)
     
Couverture et résumé : éditions  Sonatine

7 commentaires:

Bouchon a dit…

J'avais lu ce roman l'été dernier et j'avais adoré :) Merci de me l'avoir remis en tête !

liliba a dit…

Beau billet ! J'avais moi aussi adoré ce roman !

Astazie a dit…

Merci pour cette critique, deuxième critique très élogieuse que je vois sur ce livre.

Anne a dit…

J'ai été moins enthousiaste que toi...

Valérie a dit…

Ah tu me rassures, j'avais lu des critiques plus dubitatives.

argali a dit…

Il est dans ma pal, il faut que je le lise !!!

Agnès a dit…

Je pense que celui-ci va atterrir dans ma pal, en tous cas, ta critique donne envie.