Auteur : Raffy Shart
Éditions : du Cherche-Midi (2012)
Nombre de pages : 868 pages
Résumé : Dans la lignée du Docteur Jivago et de Lawrence d'Arabie, une passionnante saga romanesque ancrée dans la tragédie du peuple arménien.
1913, Bitlis, ancienne province du royaume d'Arménie, dans l'est de l'Empire ottoman. Kévork et Zevart se jurent leur amour mais doivent se dire adieu. La jeune fille part vivre à Paris car son père souhaite l'éloigner d'un danger qu'il pressent imminent. A peine un an plus tard, des hommes de Constantinople débarquent à Bitlis. Les "Jeunes-Turcs", qui ont pris le pouvoir, ont donné l'ordre d'arrêter et de déporter des millions d'Arméniens. Kévork et ses proches vont dès lors devenir les victimes d'une traque impitoyable. De la déportation dans les camps de Ras ul-Ayn à la prison de Topkapi, en passant par les États-Unis d'Amérique et l'essor de la mafia new-yorkaise, ou encore le Paris des Années folles, cette saga passionnante et follement romanesque raconte sur plusieurs décennies les destins croisés de Zevart et Kévork.
Premier roman du cinéaste Raffy Shart, Les Enfants de l'oubli est une inoubliable fresque historique qui nous fait traverser le XXe siècle et les continents. Le destin tragique de ses personnages nous plonge dans les tourments de l'histoire contemporaine et nous entraîne au coeur de la tragédie arménienne. Une saga passionnée, inspirée par des faits réels, qui ne laissera aucun lecteur indifférent.
Mon avis :
Les atrocités que les Arméniens ont connu aux mains des Turcs n’ont rien à envier à celles subies par les Juifs par les Allemands. Les Turcs le faisaient seulement à une échelle moindre et de façon moins organisée. En plus de connaître une mort violente et horrible, les Arméniens ont dû marcher pendant des centaines de kilomètres dans le désert pour être parqués dans des camps de concentration où ils mouraient par milliers, de faim, de soif et de maladies. Ou alors, on les faisait tomber dans des grottes, on les arrosait d’essence et ont y mettait le feu. En ce qui concerne les femmes et les enfants arméniens, les Turcs les adoptaient ou les mariaient, après les avoir convertis à l’islamisme, s’assurant ainsi que leur identité et culture arméniennes s’effaceraient parce qu’ils étaient totalement assimilés.
Citations : «Ton devoir ne s'arrête pas là! Tu dois continuer à vivre pour leur expliquer, à tous ceux qui ne savent pas ce qui s'est passé... Tu dois leur raconter les
atrocités dont tu as été témoin, afin que le monde entier connaisse, dans les
moindres détails, notre tragédie. Tu dois pointer du doigt les coupables,
les dénoncer, afin qu'ils soient condamnés, même après leur mort, devant
l'Histoire, pour les générations à venir... Pour que la race humaine de
recommence plus jamais une telle tragédie! Il faut ancrer cela dans nos
mémoires, pour que plus jamais un peuple n'en extermine un autre! Et
n'oubliez pas que toute cette histoire a pour origine le racisme, qui, pour moi,
demeure le plus grand crime du monde!» P.653
1913, Bitlis, ancienne province du royaume d'Arménie, dans l'est de l'Empire ottoman. Kévork et Zevart se jurent leur amour mais doivent se dire adieu. La jeune fille part vivre à Paris car son père souhaite l'éloigner d'un danger qu'il pressent imminent. A peine un an plus tard, des hommes de Constantinople débarquent à Bitlis. Les "Jeunes-Turcs", qui ont pris le pouvoir, ont donné l'ordre d'arrêter et de déporter des millions d'Arméniens. Kévork et ses proches vont dès lors devenir les victimes d'une traque impitoyable. De la déportation dans les camps de Ras ul-Ayn à la prison de Topkapi, en passant par les États-Unis d'Amérique et l'essor de la mafia new-yorkaise, ou encore le Paris des Années folles, cette saga passionnante et follement romanesque raconte sur plusieurs décennies les destins croisés de Zevart et Kévork.
Premier roman du cinéaste Raffy Shart, Les Enfants de l'oubli est une inoubliable fresque historique qui nous fait traverser le XXe siècle et les continents. Le destin tragique de ses personnages nous plonge dans les tourments de l'histoire contemporaine et nous entraîne au coeur de la tragédie arménienne. Une saga passionnée, inspirée par des faits réels, qui ne laissera aucun lecteur indifférent.
Mon avis :
Le principal intérêt de ce roman réside dans son contenu
historique. Comme plusieurs, j’avais
déjà entendu parler du génocide arménien qui avait eu lieu au début de la
Première guerre mondiale, mais je n’en savais pas beaucoup plus sur le sujet. Les enfants de l’oubli de Raffy Shart est
venu combler cette lacune.
On y apprend que les Turcs, au sein de ce qui
était encore à l’époque l’empire ottoman, ont décidé froidement d’exterminer et
de déporter plus d’un million (et peut-être même plus) d’Arméniens et cela,
dans un but de purification ethnique.
Certains historiens disent même que c’étaient pour s’emparer des terres
et des biens des Arméniens et d’autres, pour les empêcher de se rebeller pour
obtenir un état arménien indépendant.
Ce qui fait froid dans le dos, c’est que du
jour au lendemain, ces Arméniens ont été exterminés par leurs voisins et amis
turcs avec qui ils vivaient apparemment en bonne entente depuis des décennies
sinon des siècles. Les Turcs étaient
musulmans et les Arméniens, chrétiens et cela peut aussi tout dire.
Les atrocités que les Arméniens ont connu aux mains des Turcs n’ont rien à envier à celles subies par les Juifs par les Allemands. Les Turcs le faisaient seulement à une échelle moindre et de façon moins organisée. En plus de connaître une mort violente et horrible, les Arméniens ont dû marcher pendant des centaines de kilomètres dans le désert pour être parqués dans des camps de concentration où ils mouraient par milliers, de faim, de soif et de maladies. Ou alors, on les faisait tomber dans des grottes, on les arrosait d’essence et ont y mettait le feu. En ce qui concerne les femmes et les enfants arméniens, les Turcs les adoptaient ou les mariaient, après les avoir convertis à l’islamisme, s’assurant ainsi que leur identité et culture arméniennes s’effaceraient parce qu’ils étaient totalement assimilés.
La communauté internationale semblait dès le
départ avoir été informée de cette situation par des missionnaires et des
diplomates, mais elle ne s’en est pas mêlée parce que c’était la guerre et que
les Turcs étaient les alliés des Allemands.
Nous vivons tous ces évènements à travers les
yeux des jeunes gens, Kévork et Zevart.
Ils sont amoureux, mais lui semble plus tenir à elle que l’inverse. À la veille de ces terribles évènements, le père de
Zevart l’envoie à Paris où elle étudiera le dessin. Zevart est la fille d’un riche propriétaire
terrien tandis que Kévork n’est qu’un berger orphelin et le père de la jeune fille refuse la demande en mariage de Kévork. Celui-ci promet à la jeune fille qu’il
l’attendra au pays.
Zevart arrive à Paris où elles connaîtra la
vie folle et bohème des artistes en cette fin de la Belle époque. Elle essaiera tout : alcool, drogues,
fêtes et vie de débauche. Pendant ce
temps, en Arménie, Kévork assiste aux premiers massacres commis par les
Turcs. Il décide de se battre et de se
joindre à la résistance arménienne. Il
finit par être arrêté par les Turcs. Il
connaîtra alors une série d’aventures et de mésaventures qui le conduiront à
Alexandrette, Palmyre, Damas et Petra.
Il marchera dans le désert avec ses compatriotes, il sera surveillant
dans un camp de concentration, il croisera et sauvera la vie de Laurence
d’Arabie, il sera l’esclave des Bédouins, il sera aux travaux forcés dans une
mine de sel et il s’engagera dans l’armée anglaise. Il immigrera aux États-Unis où il deviendra
même gangster. Il connaîtra mille
privations, recevra mille coups, endurera mille atrocités, il tuera des hommes, mais
toujours il gardera intact son amour et sa promesse à Zevart.
Celle-ci n’ayant plus de nouvelles de sa
famille, décide de retourner en Arménie.
Elle échoue à Constantinople où elle apprend que son père est emprisonné
par Mustafa Abdulik, un ancien ami amoureux d’elle, qui a pris part aux
exactions turques. Elle devient sa
maîtresse afin de sauver son père. Mais cela ne fonctionnera pas. Son père est assassiné et elle se retrouve
dans un bordel de Beyrouth. Elle
disparaît de l’histoire vers le milieu du roman pour reparaître brièvement plus
tard, puis à la fin du roman. Zevart n'a qu'un rôle
secondaire et c’est dommage, car elle est aussi courageuse que Kevork.
C’est Kevork qui a le beau rôle dans le roman
et son histoire d’amour avec Zevart est plutôt accessoire. La narration est parfois maladroite, mais le
potentiel émotionnel du roman est indéniable. L’auteur, par les péripéties de Zevart et de Kévork, nous fait connaître tous les
tenants et aboutissements du destin des Arméniens, même les seconds chapitres,
comme l’assassinat des Turcs responsables par les Arméniens ou les
missionnaires qui ont rapatriés les orphelins arméniens. On apprend que même aujourd’hui, il n’y a que peu de pays
qui ont reconnu le génocide arménien.
Il s'agit d'un très bon roman historique, qui nous fait aussi connaître le Paris des années
folles et le New York des gangsters (Al Capone, Lucky Luciano, etc.)
C'est un roman et une histoire qu'il nous faut connaître. Je dirais même que c'est un devoir de mémoire pour que ne se reproduisent
jamais ce genre d’atrocités. Malgré quelques petites faiblesses inhérentes à un premier opus, Les enfants de l'oubli est un roman d'aventures palpitant et un hommage au courage du peuple arménien.
Résumé et couverture : Decitre
5 commentaires:
Quel pavé ! J'adore le nombre de logos qui le suivent :)
Comme toi, j'en sais fort peu au sujet du génocide arménien. Ton billet m'a permis d'en apprendre davantage.
Bravo pour cette deuxième participation, avec, cette fois encore, un incontestable pavé !
Un sujet passionnant!
J'en sais peu sur ce sujet, j'ai un peu peur du côté "pavé"...
Merci pour ta participation !
Je le note mais pas pour tout de suite
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