Auteur : Victoria Hislop
Éditions : Les escales (2012)
Nombre de pages : 431
Résumé : Saga familiale bouleversante et plaidoyer vibrant contre
l'exclusion, L'île des oubliés a conquis le monde entier avec
ses personnages inoubliables. Traduit dans vingt-cinq pays,
vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce roman
d'évasion plein d'émotion et de suspense nous emporte au
large de la Crète, sur une île au passé troublant. Alexis, une
jeune Anglaise, ignore tout de l'histoire de sa famille. Pour en
savoir plus, elle part visiter le village natal de sa mère en
Crète. Elle y fait une terrible découverte : juste en face se
dresse Spinalonga, la colonie où l'on envoyait les lépreux... et
où son arrière-grand-mère aurait péri. Quels mystères
effrayants recèle cette île des oubliés ? Pourquoi la mère
d'Alexis a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La
jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la déchirante
destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets...
Mon avis :
Quelle belle découverte! Ce premier roman de Victoria Hislop nous fait voyager tout en douceur dans le passé des aïeules de la jeune Alexis, mais aussi dans l'île grecque de Crète, mais aussi et surtout, dans l'île voisine de Spinalonga, qui accueillit jusqu'en 1957 une colonie de lépreux. Au Moyen-Âge, les lépreux devaient "mourir" à ce monde, on célébrait leurs funérailles, puis ils étaient séparés de leurs familles et devaient quitter leurs demeures, sans espoir de retour.
Au XXe siècle, en Crète, ceux qui se découvrent atteints de la lèpre étaient encore ostracisés. Ils devaient quitter leurs proches et étaient conduits en bateau à l'île de Spinalonga. Imaginez-vous le déchirement et l'immense tristesse de ceux qui devaient partir et tout laisser derrière eux? Pour ceux qui restaient, ceux qui partaient n'étaient pas mieux que morts. C'est ainsi que dans le roman, l'auteure appelle Spinalonga, «l'île des morts-vivants».
Au XXe siècle, en Crète, ceux qui se découvrent atteints de la lèpre étaient encore ostracisés. Ils devaient quitter leurs proches et étaient conduits en bateau à l'île de Spinalonga. Imaginez-vous le déchirement et l'immense tristesse de ceux qui devaient partir et tout laisser derrière eux? Pour ceux qui restaient, ceux qui partaient n'étaient pas mieux que morts. C'est ainsi que dans le roman, l'auteure appelle Spinalonga, «l'île des morts-vivants».
C'est ainsi qu'on assiste aux adieux déchirants, mais silencieux et pleins de dignité, entre Giorgios et sa femme Eleni, ainsi qu'avec la petite communauté de Plaka, car la jeune femme était très aimée de ses pairs. Ses petites filles, Anna et Maria, sont restées à la maison. Elles ne reverront plus leur mère, même si celle-ci est toujours vivante et seulement de l'autre côté du bras de mer qui sépare Plaka de Spinalonga. Giorgios verra sa femme chaque semaine, car il est chargé du ravitaillement par bateau de Spinalonga.
Mais quelle n'est pas la surprise d'Eleni (et la nôtre) de découvrir sur l'île, une communauté de près de 200 personnes qui mènent une vie active. Il y a un bar, une mairie, les gens ont une petite maison qu'ils fleurissent, des parcelles de terre qu'ils cultivent et les enfants vont à l'école! Certes, il y a aussi des malades et un hôpital où ils sont soignés, mais pour eux, la vie continue et ils essaient de la vivre du mieux qu'ils le peuvent. Car pour beaucoup d'entre eux, ils passeront plusieurs années sur cette petite île isolée et oubliée. On ne peut qu'être profondément émus par leur courage et leurs conditions de vie. Il me semble que la lèpre n'est pas un sujet souvent abordé en littérature et la façon dont l'auteure le fait nous fait découvrir une autre facette de cette maladie.
On découvre avec Eleni, beaucoup de personnages attachants et courageux sur cette île. Et l'arrivée de lépreux de la ville d'Athènes amènera un renouveau sur Spinalonga. Pendant ce temps, à Plaka, Anna et Maria continuent de grandir, sans leur mère, mais entourés de l'affection de leur père, mais aussi de leur amie Fotini et de sa mère Savina. Les deux jeunes filles ne peuvent pas être plus différentes. Anna est volontaire et entêtée, elle exprime la moindre de ses émotions et elle n'aime pas les tâches ménagères. Tandis que Maria est plus réservée et douce, elle s'occupe de son père et de la maison.
Il arrivera tout plein de choses à Maria et Anna. Elles connaîtront les joies et les souffrances de l'amour, de la maternité, de la séparation et de la mort. Beaucoup de tragédies émailleront leurs vies. Ce qui m'a frappé dans ce très beau roman, c'est la simplicité et la générosité avec lesquelles l'auteure nous raconte l'histoire de ces femmes, toutes différentes, mais qui sortent des sentiers battus, chacune à leur façon, qu'elle soit discrète ou non. Même si nous ne sommes pas d'accord avec leur façon d'agir, Eleni, Anna, Maria, Fotini, Elpida, Savina, Sophia et Alexis sont toutes des femmes courageuses et inoubliables. Les communautés de Plaka et de Spinalonga sont tricotées serrées, malgré la lèpre ou peut-être à cause d'elle, les gens prennent soin les uns des autres. À Plaka, la guerre rapprochera les gens.
La vie semble très douce en Crète et cela m'a donné le goût d'aller visiter cette île et de m'asseoir à la terrasse d'un bar, pour siroter une boisson, tout en regardant la mer à l'horizon. Ce qui se démarque dans ce roman, c'est que l'auteur nous raconte l'importance des choses les plus simples de la vie, mais aussi les plus essentielles, l'amour, l'amitié, la famille, l'importance des liens que l'on tisse et aussi et surtout, la tolérance. Anna sera transformée par le récit de la vie de ses aïeules. Malgré son sujet peu facile, Victoria Hislop a réussi à écrire une histoire très belle et très touchante, dont on sort grandi et réconforté.
Citation : «C'est terminé. J'ai compris que notre histoire n'avait aucun sens, aucun relief, commença-t-elle. En écoutant Fotini me raconter ce qu'a traversé ma famille, j'ai été frappée par la puissance de l'amour qu'ils avaient les uns pour les autres. Un amour qui a résisté contre vents et marée, un amour plus fort que la maladie et la mort. J'ai réalisé alors que mes sentiments pour Ed n'étaient pas comparables. Et je sais que ça ne changera pas d'ici dix ou vingt ans.
Tout le temps où Sophia avait tourné le dos aux gens et aux lieux qui l'avaient façonnée, elle n'avait jamais perçu avec autant d'acuité ses ancêtres. À travers les yeux de sa fille, elle les avait vus comme les personnages d'une pièce de théâtre. Elle découvrait l'héroïsme derrière l'humiliation, la passion derrière la perfidie, l'amour derrière la lèpre.
Le voile avait été levé sur tout le passé, et les blessures exposée à l'air libre pourraient enfin guérir. La honte n'avait aucune part dans cette histoire.» (p.426-427)
3 commentaires:
Ton billet conforte mon envie de le lire.
Dans ma pile. Je vais y arriver bientôt ;-).
Un titre qui m'intéresse aussi ! Pour l'instant, tu en es à un billet rétroactif et avec ce livre, tu en es à ton septième premier roman comptant pour le challenge. Bravo !
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