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dimanche 10 août 2014

Le dieu de New York

Auteur : Lyndsay Faye
Éditions : Fleuve (2012)
Nombre de pages : 528

Résumé : Été 1845. Après des années de débats politiques, New York crée son département de police. Timothy Wilde intègre malgré lui ce fameux NYPD. Ancien barman, il a tout perdu dans un récent incendie : son bar, ses économies et une partie de son visage.
 
La nuit du 21 août, pendant une ronde, Timothy est bousculé par une petite fille terrifiée. Elle porte une chemise de nuit couverte de sang. Au milieu d'un tissu de mensonges, elle finit par lui révéler qu'elle fuit un homme au capuchon noir qui découpe les enfants en morceaux. Le lendemain matin, le corps d'un petit Irlandais est retrouvé dans une poubelle, une large incision sur le thorax, les organes à nu. La fillette disait vrai, un fou s'en prend aux enfants, mais pas n'importe lesquels, les plus démunis, les immigrés. Timothy se lance dans une traque effrénée pour démasquer cet assassin et éviter que ses sinistres desseins ne mettent la ville de New York à feu et à sang...

Mon avis :

Je n'ai pas souvenir avoir jamais visité New York, mais c'est une ville qui me fascine, par son dynamisme trépidant et ses milles et une facettes.  Son histoire n'en est que plus attirante pour moi qui suis une passionnée d'Histoire, surtout celle du XIXe siècle et du début du XXe siècle, où New York est devenue la mégalopole que l'on connaît aujourd'hui.  

Le roman Le dieu de New York se situe au tournant de l'Histoire où la Grosse Pomme est sortie de la ruralité pour devenir une ville industrielle et populeuse.  En 1845, New York se dote d'une force de police où ses membres doivent arpenter ses rues et arrêter le crime où moment même où il se produit.  C'est une ville où l'extrême richesse et l'indigence la plus choquante se côtoient.  Elle déborde déjà d'innombrables immigrants, qu'elle peine à nourrir et s'apprête à vivre une autre vague d'immigration sans précédent avec tous ces Irlandais qui meurent de faim dans la verte Erin à cause d'un parasite qui s'attaque aux pommes de terre et en anéantit presque totalement les récoltes.  Ils voient l'Amérique comme une terre promise.

Les Américains de souche et protestants vivant à New York ne veulent pas de ces catholiques, qu'ils jugent superstitieux et arriérés.  Le crime et la corruption y règnent.  C'est dans ce contexte que Timothy Wilde, un ancien barman qui a tout perdu dans un gigantesque incendie et qui en est sorti en partie défiguré, devient un "flic à l'étoile".  Il travaille seize heures par jour, doit comprendre l'argot particulier qu'utilisent les malfrats, tout ça au milieu de l'hostilité de la majorité des habitants qui ne veulent pas de cette nouvelle police.

Un soir, une petite fille habillée d'une robe de nuit tâchée de sang lui rentre dedans en lui disant : "Ils vont le couper en morceaux".  Le lendemain matin, le corps sans vie et mutilé d'un petit garçon est trouvé dans les poubelles.  Plusieurs autres corps d'enfants sont déterrés dans un terrain vague.  Ce sont tous de petits Irlandais catholiques et prostitués.  Même si personne ne s'en était soucié jusqu'à maintenant, le fait qu'un tueur, que la rumeur dit Irlandais, s'en prenne à des enfants en y mêlant religion et politique met le feu aux poudres à une grande échelle et une émeute éclate...

Timothy est un personnage intéressant qui s'interroge beaucoup sur ce qu'il désire dans la vie, suite à la perte de son logement, de son emploi et de toutes ses économies dans cet incendie.  Toutes ces choses étaient son passe-port vers une meilleure vie, alors qu'il espérait épouser son amie d'enfance, Mercy Underhill.  Il est confronté à la fois à l'héroïsme le plus fort et à la violence la plus crue en la personne de son grand frère Valentin, une espèce de bandit généreux, drogué, pompier trompe-la-mort irréfléchi et membre du parti démocrate, qu'il aime et déteste tout à la fois.  

Tim est extrêment humain, capable du meilleur comme du pire, il verra toutes ses illusions tomber et en sortira plus fort quand même.  Tous les personnages de ce roman sont fascinants, ils ont tous une part d'ombre et de lumière, comme la ville elle-même.  Mon personnage préféré, en plus de Timothy, est celui de Mercy Underhill, fille de pasteur protestant, qui ne peut s'empêcher de mettre sa vie et sa santé en danger en allant soigner les Irlandais malades dans le cloaque où ils vivotent, malgré l'interdiction de son père.   Et qui ,en même temps, écrit dans les journaux des feuilletons sur les grandeurs et les misères de New York que les dames de la bonne société ne peuvent que lire en secret et en rougissant...

L'aspect historique est particulièrement bien rendu, on voit et on sent tout de la ville qui ne dort jamais, grâce à de nombreuses descriptions.  L'auteure raconte les différentes particularités et oppositions de la cité à cette époque : les gangs de rue, les petits crieurs de journaux, les mille métiers et petites débrouilles que développent la population pour survivre, les riches marchands, les madames qui tiennent des maisons closes, etc.  

En ce sens, Lyndsay Faye parsème toutes les pages de son roman d'expressions argotiques de l'époque. Ce langage a été traduit en argot français et que l'on doive se référer constamment au lexique proposé en fin de volume et que l'on n'y trouve pas une grande partie des tournures de phrases employées a été la seule chose qui m'ait vraiment agacé.  Sinon, ce roman est un coup de coeur, de par ses personnages si humains, son histoire riche et complexe et sa reconstitution de New York si vivante et si complète.  Il plaira autant aux amateurs de polars qu'à ceux de romans historiques.  Je lirai très bientôt le deuxième tome des enquêtes de Timothy Wilde intitulé Le sang noir du secret.
http://ennalit.canalblog.com/archives/2013/12/01/28338705.html
Image et résumé : Les éditions Fleuve

1 commentaire:

Genevieve a dit…

Il est sur ma PAL! Je trouve que ça l'air bien bon! :)