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mercredi 24 août 2011

Robertine Barry, la femme nouvelle, tome 1

Auteur : Sergine Desjardins
Éditions : Trois-Pistoles (mars 2010)
Nombre de pages : 424

Résumé :  Robertine Barry, la femme nouvelle est le premier volet d'une biographie en deux tomes signée Sergine Desjardins, auteure du roman historique Marie Major, sacré best-seller au Québec.  Fruit d'un travail de recherche minutieux et bellement écrit, ce livre-hommage marque le centième anniversaire du décès de la journaliste et éditrice Robertine Barry, femme de conviction et d'action, première femme journaliste du Canada français, pionnière de la défense des droits des femmes.

Née à l'Isle-Verte au Bas-Saint-Laurent en 1863 et décédée à Montréal en 1910, Robertine Barry a entamé sa carrière de journaliste en 1891 lorsqu'elle s'est jointe à l'équipe du journal La Patrie. Sous le pseudonyme de Françoise, elle signa pendant près de dix ans une chronique hebdomadaire intitulée Chronique du lundi, ouvrant la voie au journalisme féminin.  En 1902, elle fondait une revue bimensuelle, le Journal de Françoise, qui fut l'une de ses plus grandes réalisations.

Dans Robertine Barry, la femme nouvelle, l'auteure Sergine Desjardins nous fait partager la vie de cette femme résolument moderne, indépendante et hautement respectée qui défendit avec une conviction inébranlable la justice sociale et les droits des femmes, qui a grandement contribué à la diffusion de la littérature québécoise et qui a été une source d'inspiration pour plusieurs générations de femmes engagées. L'auteure nous entraîne sur les chemins qui ont marqué la vie de cette grande dame, de L'Isle-Verte où elle est née jusqu'à Montréal en passant par Trois-Pistoles et Les Escoumins où elle a résidé. Une histoire de vie qui se lit comme un grand roman tant est captivante la destinée de Robertine Barry.

Mon avis :

Je peux affirmer, sans trop me tromper, que nous sommes bien peu à savoir que Robertine Barry vécut au Québec à la fin du XIXsiècle.  De même, nous ne savons pas qu'elle fut la première femme journaliste canadienne-française, ni qu'elle fut une précurseure dans la lutte pour les droits des femmes.  L'ouvrage de Sergine Desjardins vient justement combler cette trop grande lacune et redonner à cette grande dame sa place dans l'histoire québécoise.  Pour toutes ces raisons, mais surtout parce que la vie de mademoiselle Barry fut fascinante, j'ai été particulièrement enthousiasmée par cette lecture.

Née dans la deuxième moitié du XIXe siècle, Robertine Barry eut la chance de grandir au sein d'une famille bourgeoise où l'on permettait aux filles d'aller à l'école et où les arts et les lettres étaient favorisés. Femme libre et passionnée, elle ne pouvait concevoir sa vie sans l'écriture.  Elle prit le taureau donc par les cornes et devint la première femme à écrire régulièrement dans la presse.  Ainsi, elle gagnait sa vie et était indépendante financièrement en un temps où cela était considéré comme une atteinte à la dignité masculine!

Robertine Barry s'impliqua beaucoup dans des causes sociales, dont celle touchant la situation des femmes.  Elle réclamait publiquement l'égalité de droits entre les hommes et les femmes, l'accession de ces dernières à une éducation supérieure ainsi que la possibilité de pouvoir gagner leur vie à l'extérieur du foyer. Encore pire, si je puis dire, cette «passionaria» soutenait que le seul véritable moyen pour la femme de s'épanouir était de demeurer célibataire!  Sortant de son rôle traditionnel de femme, Robertine fut très dérangeante pour la société conservatrice d'alors.  Elle fit preuve de beaucoup de courage en se gagnant une place dans un domaine public réservé aux hommes.  Mais Robertine avait le tempérament et le talent nécessaires pour y réussir.

La biographie de Sergine Desjardins est très bien écrite et très agréable à lire.  L'auteure ne se contente pas d'aligner platement des faits et des dates.  Elle nourrit son récit d'anecdotes sur Robertine, sa famille et les personnes qu'elle a fréquentées.  Parmi ses amies, on peut compter des personnalités féminines de l'époque comme Marie Gérin-Lajoie, Joséphine Dandurand-Marchand, la journaliste française Sévérine, l'écrivaine Laure Conan ou même la très grande Sarah Bernhardt.  Elle a aussi côtoyé des artistes ou des hommes publics comme Émile Nelligan, Wilfrid Laurier, Henri Bourassa ou Honoré Beaugrand.

Le récit de Sergine Desjardins fourmille de mille faits sur la société québécoise du XIXsiècle qui animent qui le portrait qu'elle en fait.  Plusieurs photos de Robertine et des gens et édifices de l'époque viennent illustrer le livre.  Madame Desjardins cite abondamment les écrits de Françoise (le nom de  plume de Robertine), ce qui nous permet de mieux saisir sa personnalité pleine d'humour et d'intelligence et la rend d'autant plus attachante.  De plus, l'auteure parle beaucoup des débuts du féminisme au Canada et en Europe, de la place des femmes dans la littérature et cite plusieurs auteurs pour appuyer ses dires.  Ce qui nous permet de constater qu'elle a fait une très solide recherche historique pour écrire cette biographie.

Et comme le dit le résumé, la vie de Robertine se lit comme un grand roman parce qu'elle eut une destinée - et fut une femme - hors du commun.  Je crois qu'elle peut facilement être considérée comme un modèle et une source d'inspiration.  Cette biographie trônera désormais dans le panthéon personnel de mes coups de coeur.  Je vais la lire et la relire tant elle est venue nourrir ma réflexion.  Je la recommande à tout lecteur curieux et désireux d'apprendre, car elle représente un bon équilibre entre le divertissement et l'information.  Et le deuxième tome, On l'appelait Monsieur, est déjà dans ma Pile À Lire!


Je voudrais remercier Allie qui m'a fait découvrir cette biographie (elle en parle ici) et Sergine Desjardins pour l'avoir écrit. 

Photo de Robertine Barry


Source : site anglophone de Wikipédia

Source de l'image : Éditions Trois-Pistoles
Source résumé : Quatrième de couverture du livre




3/4

J'aime lire la Plume québécoise

2 commentaires:

Anis a dit…

C'est passionnant en effet, et pour nous français, cela permet de découvrir davantage l'histoire de votre pays qui exerce sur nous une véritable fascination. Je suis enseignante et j'aurais adoré pouvoir faire une correspondance scolaire avec une école du Québec mais je n'en ai jamais trouvé. pauvre de moi ! J'esoère que je pourrai venir un jour.

Allie a dit…

Je suis heureuse de lire enfin ton billet :) Une biographie qui reste très marquante pour moi. J'ai vraiment adoré et j'étais certaine que tu aimerais :) Robertine Barry est malheureusement tombée beaucoup trop vite dans l'oubli.