Éditions : Balland (2012)
Nombre de pages : 381
Résumé : Août 1954, Caroline du Nord. Jubie, 13 ans, se réjouit des vacances qui s'annoncent : elle part pour la première fois sans son père. Tandis que Paula, sa mère, s'installe au volant de la Packard familiale, Mary, la bonne noire, est reléguée à l'arrière, avec les enfants.
Un long périple commence, qui va conduire la famille à travers les États sudistes où la ségrégation fait rage. En Floride, alors que les enfants se baignent dans l'océan, Mary reste en retrait. Ici, il est interdit aux Noirs de se baigner. À l'hôtel, au restaurant, aux toilettes, Mary doit se faire toute petite et supporter les humiliations. Jubie prend peu à peu conscience de ces injustices qui font écho à sa propre vie, aux coups qu'elle reçoit de son père dans l'indifférence maternelle. Un père brutal et farouchement opposé à l'idée que les Noirs obtiennent des droits civiques.
À mesure que la voiture s'enfonce dans ces terres gorgées de haine et d'intolérance, la tension devient plus palpable... jusqu'à ce que le drame éclate. Un drame dont Jubie ne sortira pas indemne.
Mon avis :
Les larmes noires de Marie Luther m'a fait irrésistiblement penser à La couleur des
sentiments. On y retrouve aussi une famille blanche aisée du Sud des États-Unis qui
emploie une femme noire pour s’occuper de la maison et des
enfants. C'est un très
bon roman, mais selon moi, il ne possède pas l’ampleur et la profondeur,
disons sociologique, de La couleur des sentiments.
Dans la famille Watts, c’est la domestique, Mary, qui prend soin de l’intérieur et des quatre enfants : Stell,
Jubie, Puddin et Davie. L’histoire nous
est racontée du point de vue de Jubie, 13 ans.
Ses parents ne semblent plus s’aimer beaucoup et quand Jubie fait un
mauvais coup, son père la bat - il est aussi alcoolique et
coureur de jupons. La mère de Jubie n’intervient pas vraiment et passe son
temps à prendre soin d’elle-même. C’est donc vers
Mary que Jubie se tourne pour trouver un peu d’amour et de réconfort.
C'est durant un voyage en voiture avec sa mère,
ses sœurs et frère et Mary, que Jubie prendra conscience de la ségrégation, de la
violence et du mépris dont sont victimes les Noirs. Et c’est à travers ses yeux, avec une horreur
grandissante, que nous en serons aussi les témoins.
De l’indifférence des uns à l'égard des Noirs, comme s’ils faisaient partie des
meubles jusqu' à la volonté malfaisante de les éliminer purement et simplement. Par exemple, Mary doit voyager à l’arrière de la voiture,
elle a ses propres couverts, elle doit utiliser d’autres toilettes et dormir
ailleurs que ses patrons. L’auteure nous raconte le tout avec beaucoup
de sensibilité. Et on voit que Jubie commence à penser différemment des autres, même
si elle est quand même influencée par l’attitude dominante.
Et quand le drame arrive, la famille de Jubie
éclate. L'adolescente découvre le véritable visage de son père. Celui-ci est un petit escroc
raciste qui détournait l’argent de sa compagnie pour financer une organisation
analogue au KKK et dont l’incompétence dans la construction d’un plongeoir a
causé la mort d'un adolescent. En plus, il tripotait la fille de Mary. Il n'est vraiment pas sympathique! Et ce n'est qu'après la disparition de Mary que Jubie s’aperçoit que la domestique était le
véritable ciment de sa famille. Pour montrer son amour à Mary, elle posera un acte de rébellion éclatant! La mère de Jubie commencera aussi à se réveiller et à se prendre en main.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Mary et j'aurais aimé qu'elle soit plus présente dans l'histoire. Je l'ai trouvée très courageuse. Elle prend soin de la famille Watts, en plus
de sa propre famille. Elle ne fait pas
que le ménage, elle aime aussi cette famille et veille sur eux, un peu comme une
mère. Elle ne réplique jamais alors qu'elle se fait constamment humiliée. Mais il sera trop tard quand tous se rendront compte de la place qu'elle occupait dans leur coeur. L’auteure parle de Mary avec beaucoup de tendresse.
Au début du roman, le personnage de Jubie est un peu agaçant, car elle est une adolescente qui se plaint facilement. Mais l'histoire avançant, elle devient plus attachante, en même temps qu'elle s’éveille au monde et à l’amour. On sent qu'elle sera probablement une jeune femme qui sera capable de voir au-delà des apparences et de prendre des risques, pour affirmer qui elle est et qui elle aime vraiment. On peut donc en conclure que j'ai beaucoup aimé ce premier roman, écrit par une dame âgée de 71 ans. Je ne peux que lui lever mon chapeau. Son roman est fort réussi et très émouvant. Et sa couverture est superbe, on dirait une Madone à l'enfant noire!
Couverture et résumé : gibertjoseph.com
Au début du roman, le personnage de Jubie est un peu agaçant, car elle est une adolescente qui se plaint facilement. Mais l'histoire avançant, elle devient plus attachante, en même temps qu'elle s’éveille au monde et à l’amour. On sent qu'elle sera probablement une jeune femme qui sera capable de voir au-delà des apparences et de prendre des risques, pour affirmer qui elle est et qui elle aime vraiment. On peut donc en conclure que j'ai beaucoup aimé ce premier roman, écrit par une dame âgée de 71 ans. Je ne peux que lui lever mon chapeau. Son roman est fort réussi et très émouvant. Et sa couverture est superbe, on dirait une Madone à l'enfant noire!
5 commentaires:
Merci pour cette participation touchante !
Au fait, je dois encore lire La couleur des sentiments : à te lire, je me contenterai peut-être de celui-là !
Une belle idée de lecture. Merci de ton commentaire.
Sublime couverture!
Voici une jolie chronique qui me donne bien envie de lire très vite cette belle histoire.
Enregistrer un commentaire