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mercredi 8 septembre 2010

La gouvernante

Auteur : Morag Joss
Éditions : Robert Laffont (2005)
Nombre de pages : 313


Résumé : Le bonheur a fui Walden Manor en même temps que ses propriétaires. Quand elle y prend ses fonctions de gouvernante pour garder la propriété en leur absence, Jean ne le sait pas. Tout comme Steph et Michael, elle ne connaît du bonheur que l’inaccessible rêve de ceux à qui la vie n’a jamais fait de cadeau. Leur rencontre dans le vieux manoir va pourtant leur offrir le plus somptueux qui soit : le réconfort d’un vrai chez-soi, la chance d’inventer une famille à la mesure de leurs espoirs bafoués, la chaleur d’un amour trop longtemps attendu. 


Bien sûr, et aucun d’entre eux n’est dupe, ce bonheur est construit sur un mensonge, sur une illusion. Les propriétaires légitimes finiront bien par revenir… Et alors ? Au nom de quelle morale devraient-ils refuser ce bonheur ? Ils ne font de mal à personne. D’ailleurs, ils n’en ont pas l’intention. Mais le jour où la réalité les rattrape et où un premier intrus menace de faire exploser la bulle idyllique qu’ils ont créée, ils comprennent qu’ils ne peuvent pas revenir en arrière… 

À leur place, vous auriez sans doute agi comme eux. Un roman noir et dense sur l’amour et ce que l’on est capable de faire en son nom. Un thriller psychologique d’une rare acuité, où chaque promesse de bonheur se teinte d’une sourde angoisse et qui fait du lecteur un complice délicieusement immoral. La Gouvernante est le premier roman de Morag Joss traduit en français. Lauréat du Silver Dagger 2003, le plus prestigieux prix de littérature policière en Grande-Bretagne, il a conquis la critique et le public anglais.

Mon avis

Voici un roman que j'ai lu et dont j'ai fait la critique en 2006, mais que je n'ai jamais publiée!  Je l'avait tout simplement oubliée!  Je viens de la retrouver et je la partage avec vous.  


Jean, « une vieille hirsute agoraphobique », Michael, un dépressif au regard anxieux, affligé d’un tic facial occasionnel et Steph, une fille somnolente et mutique, habillée en baggy.  Ces trois êtres malmenés par la vie et mal-aimés, rejetés, vont se trouver réunis par le sort, mais  surtout par leur besoin désespéré de former une famille, de compter enfin pour quelqu’un.


Jean est gardienne de demeures pour une entreprise britannique, sur le point d’être remerciée pour cause de retraite.  Elle découvre cette maison merveilleuse, remplie d’objets et elle commence à s’ouvrir à la vie, à changer sous son influence bénéfique.  Elle se dit alors : "Pourquoi ne pourrais-je pas mener enfin une vie normale, utile et surtout comblée, comme les autres?" Elle s’invente un fils imaginaire, abandonné à la naissance et passe une annonce dans une revue. 

Michael, voleur raté et acculé au désespoir, va y répondre, emmenant dans son sillage une Steph enceinte jusqu’aux yeux et rencontrée par hasard.  C’est le coup de foudre, la reconnaissance intime et immédiate entre eux, parce qu’ils sont tous pareils. Tout va se précipiter avec l’accouchement de Steph, ils vont emménager dans la maison et former une famille.  Ils sont heureux dans cette maison, qui semble veiller sur eux, comme eux veillent les uns sur les autres, ils s’épanouissent, se découvrent des dons, dont celui pour le bonheur.  


S’ajoute à leur petite famille Charlie, un petit bébé de quelques mois, « emprunté » à une mère trop débordée par son travail et abandonnée par un mari irresponsable.  Leur petit bonheur va fleurir à l’ombre du monde réel, même si l’angoisse de voir celui-ci faire irruption dans leur vie est toujours omniprésente, comme le ver caché dans le fruit.  Ils seront prêts à tout pour sauvegarder leur bonheur, même au pire, le jour où un intrus menacera leur bulle de bien-être…


La Gouvernante n’est pas un roman policier au sens classique du terme.  Plutôt un roman psychologique, intimiste, mais noir.  Le récit se partage entre le journal intime de Jean et une narration extérieure aux personnages.  C’est une très belle histoire, mais très triste, poignante même.  On s’attache à ces personnages blessés, que le bonheur, aidé par la maison, fait s’envoler, comme des oisillons tombés trop tôt tombés du nid et qu’une main compatissante a soigné et aimé.  On sent que l’auteure a beaucoup de tendresse pour ses personnages.  Elle dépeint très bien les émotions de ses personnages, avec beaucoup de finesse.  Leur évolution psychologique fait toute la force du roman.  On est heureux de leur bonheur, on voudrait que ça dure, mais….   

Je peux parfaitement comprendre le besoin désespéré de Jean, Michael et Charlie de préserver leur bonheur, mais en même temps, je me pose des questions : cela mérite-t-il que l'on commette le pire?  Il y a de très beaux passages sur la maison et de belles scènes entre les personnages, mais aussi des détails plus crus qui amènent une petite note discordante et dérangeante.  La fin aussi, m'a perturbée, bien qu'elle soit inéluctable et fidèle à la trame du roman.  Un bonheur volé, bâti sur le mensonge et le crime ne pouvait qu’être éphémère et se terminer ainsi.   Je préfère le titre du roman en anglais, Half Broken Things, car il révèle ce que sont les trois personnages principaux, des êtres à moitié brisés.   

Source couverture et résumé : Renaud-Bray

2 commentaires:

Joelle a dit…

J'aime les polars psychologiques ... ils sont souvent dérangeants et font réfléchir !

Sophie a dit…

Oh il me tente bien celui-là tiens !