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samedi 25 juin 2011

Le castrat et les rois fous

Auteur : Jean-Nicholas Vachon
Série : Le voleur de voix t.1
Éditions : Michel Quintin (avril 2011)
Nombre de pages : 553

Résumé :  Si on devait me damner et faire de moi un immortel, sachez que même la pire des malédictions ne pourrait entacher l’amour que je vous porte. L’avenir m’apparaît bien obscur, mais, quoi qu’il advienne, je demeurerai votre frère aimant et votre souvenir réussira à éclairer mes jours. 

Ces mots sont peut-être les derniers qu’écrit la main que jadis vous teniez dans la vôtre. Adieu, mon jumeau !

Depuis qu’il a volé le diamant bleu enchâssé dans le visage d’une idole, au cœur de la jungle indienne, Maximilien est possédé par un démon buveur de sang. L’entité règne sans partage sur le corps et l’âme du jeune homme et l’oblige à assouvir tous ses désirs. Rien ne peut rendre Maximilien à son humanité perdue, sinon la magie qu’exerce sur lui la voix humaine.

Les mémoires de Carlo Broschi, dit Farinelli, sont jalonnés des triomphes d’une carrière exceptionnelle. La voix angélique du plus grand castrat de l’histoire lui a valu le respect des têtes couronnées, l’admiration des grands compositeurs et l’adulation des foules. Mais la plus étincelante lumière donne souvent naissance à l’ombre la plus menaçante.

Tandis qu’un orage s’abat sur Québec, un homme à l’allure repoussante s’introduit dans l’appartement de Nathaniel. Au nom d’une ancienne promesse familiale, l’intrus réclame de l’aide ; il faut empêcher le voleur de voix de frapper une nouvelle fois…

Mon avis :

Le voleur de voix, tome 1 est le quatrième ouvrage de l'auteur québécois Jean-Nicholas Vachon, qui y mêle histoire et fantastique de façon fort réussie.  Ce roman n'est pas parfait, mais contient tous les éléments d'un talent littéraire qui s'annonce fort prometteur.  Dans le genre, il s'agit d'une oeuvre de qualité.

Le roman est constitué de trois parties : les mémoires de Maximilien possédé par un démon buveur de sang, celles de Carlo Broschi dit Farinelli, le célèbre castrat du XVIIIe siècle et la dernière, qui se situe aujourd'hui et se centre sur le personnage de Nathaniel.

Ma partie préférée est celle impliquant Farinelli.  Jean-Nicholas Vachon ressuscite avec beaucoup de brio les fastes de cette époque révolue.  Son Farinelli est un être d’une très grande sensibilité.  Malgré tout le talent de l'auteur, il nous est impossible aujourd’hui d'imaginer ce que pouvait être la voix d’un castrat, et c'est bien dommage.  Cependant, nous ne pouvons que difficilement comprendre le pourquoi de la mutilation de jeunes garçons afin de conserver leur voix angélique d’enfant.  Jean-Nicholas Vachon nous propose une explication :


«L'Église catholique ne permettait pas aux femmes de monter sur les scènes de ses chapelles, mais il fallait, pour proprement incarner les divins héros, de hautes voix capables de traduire l'émotion inspirée par Dieu.  La misogynie de l'Église alliée à la folie des hommes avait justifié la création des premiers castrats dans les États pontificaux.» (P.91)


Cette tranche du roman est véritablement captivante.  On dirait que le style de l'auteur adopte même la façon de s'exprimer de cette époque, car il se fait raffiné et lyrique.  Il y a de superbes passages sur l'importance de la musique et sur le fait qu'elle peut nous transporter jusqu'à des sommets proprement... divins!  On sent que J.-N. Vachon a fait une solide recherche avant d'écrire cette portion de l'histoire, car sa reconstitution historique est parfaite.

Dans la section consacrée à Maximilien, le plus intéressant est le fait que l'écrivain apporte une nouvelle interprétation à la légende du buveur de sang.  Sans trop en dévoiler, on peut dire que celui-ci n’est plus originaire de l’Europe et que ce n'est plus l'argent qui lui fait peur, mais l'or.  La dimension de l'immortelle créature traditionnellement reliée à la religion catholique est complètement évacuée.

Les chapitres se rapportant à Nathaniel sont les plus faibles, à mon humble avis.  Ce qui me semble paradoxal quand on écrit du fantastique et qu'on y mêle le monde réel, c'est qu'il faut être particulièrement solide et crédible - les critiques pouvant être rapides et féroces.  En ce sens, face à l'avènement de l'improbable dans sa petite vie ordinaire, j'ai trouvé que Nathaniel avait l'air idiot.  Il subit les événements plus qu'il n'y réagit.  Mais sait-on, peut-être que je n'y connais rien.

Mais ces petites choses ne diminuent en rien la valeur de l'ensemble du roman.  Je suis particulièrement heureuse que Jean-Nicholas Vachon écrive de la littérature fantastique pour adultes, à laquelle il donne ses lettres de noblesse.  C'est un créneau encore très peu exploité au Québec et dont je suis très friande.  Je lui lève mon chapeau et j'espère qu'il continuera comme cela encore très longtemps!  Et vous aurez compris que je ne peux que vous recommander la lecture du tome 1 du Voleur de voix...

L'image de la couverture (que je trouve très belle) et le résumé proviennent du site web de l'éditeur Michel Quintin (où vous pourrez télécharger le premier chapitre du roman).  Et je vous indique aussi le blogue de Jean-Nicholas Vachon.

4 commentaires:

Christine a dit…

Je ne connais pas du tout mais je pense que je vais y remédier. C'est la première fois que je viens sur ton blog et je le trouve très beau aussi c'est avec plaisir que je vais venir voir tes articles dès que je vais avoir un moment

Opaline a dit…

Bienvenue à toi et merci pour tes bons mots! Si tu aimes le fantastique, tu devrais aimer Le voleur de voix. Et je vais aller voir ton blogue dès que j'aurai une minute.

Allie a dit…

Il est dans ma PAL! Je compte le lire bientôt. J'ai très hâte!

Opaline a dit…

Allie : Je te souhaite une bonne lecture, moi, j'ai aimé!