Auteur : Jean-Baptiste Seigneuric
Éditions : Les 2 Encres (2010)
Nombre de pages : 188
Résumé : Je suis un combattant, un guerrier anonyme contre l’incivisme : un homme comme un autre, invisible. Mais j’ai toujours pressenti ma différence : l’impression de ne pas appartenir complètement à votre monde, comme si quelque chose d’infime, mais de suffisamment fort, m’empêchait d’intégrer la cohorte indifférente de mes contemporains. Jusque-là, j’ai toujours subi en silence les agressions continuelles d’un monde de dépendance et de contrariétés : la liberté des uns se termine là où… etc., etc. Devant les mille désagréments de cette promiscuité avec les sans-gêne, les grossiers, les bruyants, les puants, les agressifs, les dangereux, faudrait-il attendre passivement et supporter l’aliénation de sa propre liberté, de son espace vital?
Je ne prétends pas détenir une vérité, ni sauver l’apparence du monde, encore moins le rendre meilleur. Ma part semble dérisoire, mais pour moi incontournable. Mes interventions sont souvent plus impulsives que véritablement réfléchies. Elles s’imposent d’elles-mêmes : coordonnées, précises, sans risques. Je ne me considère pas comme un meurtrier : je ne tue pas par goût, ni par nécessité, je tue par civisme. J’appartiens à cette légion secrète qui soulage l’humanité de son lot de turpitudes… Mon erreur aura été de tuer une dernière fois, pour une cause un peu trop personnelle et pas assez altruiste.
Mon avis :
Lire un auteur inconnu pour soi, c'est un peu comme essayer une nouvelle paire de chaussures : les premiers pas sont inconfortables, puis l'habitude aidant, la démarche se fait plus aisée. Au départ, j'ai été un peu déstabilisée par le style de l'auteur, que je qualifierais de fleuri : il utilise beaucoup de métaphores, comme par exemple, pour parler d'un médecin légiste qui va pratiquer une autopsie : «Il est le prêtre qui commence l'office, tout concentré sur son sacerdoce». Cela demande de la concentration, mais j'ai fini par m'y accoutumer et même par apprécier cette manière d'écrire, car elle apporte de la richesse au texte.
L'intrigue se divise entre les homicides commis par ce tueur aux motivations plutôt inhabituelles et l'enquête menée par une équipe de policiers chevronnés. J'ai trouvé plutôt originale cette idée d'un meurtrier qui assassinait des malotrus impolis par esprit de civisme. Quoique je ne suis pas sûre que cela pourrait vraiment arriver dans la réalité : ne sommes-nous pas tous retenus par une barrière nous empêchant de commettre le geste ultime? Et ce, même si nous avons tous ragé un jour ou l'autre contre un de ces individus sans délicatesse, qui nous avaient coupé en voiture ou écrasé le pied dans une file d'attente? En tout cas, la question se pose quand on lit les agissements de ce criminel : sont-ils justifiés ou non?
J'ai été complètement surprise par le retournement de situation qui intervient presque à la fin et cela n'arrive pas souvent! Je ne vous en dis pas plus pour vous mettre l'eau à la bouche, mais je lève mon chapeau à l'auteur, ne serait-ce que pour cette raison. Même si l'histoire se retrouve bouclée dans un dénouement somme toute logique, j'aurais aimé que le roman ait au moins une centaine de pages de plus pour étoffer la trame de ce suspense et permettre à l'auteur de mieux déployer son talent. Cependant, j'ai beaucoup aimé ma lecture de ce polar et j'ai passé un après-midi plaisant en sa compagnie!
Je voudrais remercier Jean-Baptiste Seigneuric, qui m'a dédicacé son livre et le Club de lecture pour ce partenariat!
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