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mercredi 29 février 2012

La carte du monde invisible

Auteur : Tash Aw
Éditions : Robert Laffont (2012)
Collection : Pavillons
Nombre de pages : 441 pages

Résumé : Indonésie, 1964 : « l'année de tous les dangers ». La vie d'Adam, un jeune Indonésien de 16 ans, bascule le jour ou son père adoptif, Karl, peintre d'origine hollandaise, est enlevé par les hommes du président Sukarno. Adam, déjà hanté par le souvenir de son frère Johan, dont il a été séparé à l'orphelinat, quitte alors son île idyllique et se rend à Jakarta pour retrouver celui qu'il considère comme son vrai père. Il est aidé dans sa quête par une universitaire américaine, Margaret, le grand amour de jeunesse de Karl, qui, à l'instar de ce dernier, se sent aussi chez elle dans ce pays, que Sukarno veut pourtant purger par le feu et le sang de toutes traces du passé colonial.
 
L'auteur nous emmène dans les rues de Jakarta de plus en plus gagné par le chaos, en compagnie de personnages hantés par cette question lancinante, « Ou est ma maison ? ». Passé et présent s'entremêlent dans ce roman, épique lorsqu'il retrace l'histoire de l'Indonésie, et intime lorsqu'il révèle avec sensibilité le passé des protagonistes. Si La Carte du monde invisible est un grand roman de la littérature postcoloniale, les thèmes qu'il aborde – l'identité, la mémoire – sont universels.

Mon avis :
 
«On ne peut pas maîtriser la vie. Elle vous emmène où elle vous emmène, on ne peut que la laisser faire.»

Cette phrase-clé du roman sous-tend à la fois l’intrigue et l’évolution des personnages.  D’entrée de jeu, l’auteur nous met en relation avec l’Indonésie, ce pays que nous connaissons peu, ses habitants et son histoire.  Le rythme de l’écriture semble suivre celui du pays, habituellement lent et reposant, mais parfois aussi déchaîné.  Le style peut être qualifié de prose poétique.  Il est tout simplement envoûtant.

On s’attache aux personnages principaux, Adam, Karl, Margaret et Johan.  On s’introduit d’abord dans leur histoire sur la pointe des pieds, puis on les accompagne dans leur aventure humaine.  Adam devient notre fils, notre frère.  On voudrait le protéger, surtout de Din et entourer cet orphelin qui ne demande qu’à être sécurisé.  Encore ici, l’auteur a réussi à transcrire de façon poétique les liens qui se nouent et se dénouent sans jamais choquer ou heurter le lecteur.

En filigrane, on découvre un pan d’histoire de l’Indonésie, l’invasion hollandaise, la révolution pour atteindre l’indépendance, la corruption et de nouveau la révolte des jeunes.  Cette histoire est comme chuchotée au lecteur de sorte que jamais elle ne devient lourde à connaître.  Ajoutez à ce réalisme une description presque artistique de la mer omniprésente ou des bidonvilles côtoyant les riches palais et vous serez conquis comme je l’ai été par ce roman...
  
Merci à Newsbook et aux éditions Robert Laffont 
pour ce partenariat de qualité!
Couverture et résumé : Robert Laffont

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