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dimanche 5 décembre 2010

L'indésirable

Auteur : Sarah Waters
Éditions : Alto (2010)
Nombre de pages : 572
 
Résumé : Hundreds Hall n'est plus que l'ombre de lui-même; depuis longtemps les glaces ternies ont cessé de refléter ces fêtes qui animaient le manoir au temps de sa splendeur. Victime elle aussi des ravages de la Seconde Guerre mondiale et des tensions qui déchirent le tissu social de l'Angleterre, la famille Ayres, qui habite Hundreds depuis des générations, est abandonnée à son triste sort. Malgré la débâcle, la mère tente de cacher son infortune tandis que le fils, blessé au combat, peine à assurer la relève, aidé par sa soeur, Caroline, une femme vive et indépendante.

Venu un jour s'occuper d'une domestique souffrante, le docteur Faraday, qui a connu enfant la belle époque du manoir, se lie bientôt d'amitié avec la famille. Il sera avec elle témoin d'une succession d'événements de plus en plus effrayants. Se peut-il que les Ayres, hantés par les souvenirs d'une vie révolue, soient aussi tourmentés par une autre présence rôdant dans les corridors de Hundreds Hall?

Subtil mélange de fresque familiale, de roman social et de suspense gothique, le cinquième ouvrage de Sarah Waters, finaliste au prix Booker, vient confirmer d'éclatante manière le formidable talent d'une romancière ensorcelante. 

Mon avis : 

Attention, ce roman peut causer une sérieuse dépendance!  Plus de 24 heures après avoir terminé ma lecture de L'indésirable de Sarah Waters, j'étais encore habitée par ce roman.  Petit à petit, presque sans vous apercevoir, le manoir de Hundred Halls et la famille Ayres se mettent à occuper vos pensées.  Puis, comme le docteur Faraday, ils vous possèdent complètement.  Nous nous retrouvons à être à la fois fascinés et révulsés par cette demeure et ses étranges habitants.  Les incidents s'enchaînent, la situation se dérègle et le suspense psychologique monte jusqu'à l'insoutenable.

Première qualité du roman : son décor physique.  Une maison victorienne, immense, isolée et à l'abandon.  L'écriture éminemment descriptive de Sarah nous donne littéralement à voir tout le délabrement du manoir de Hundreds Hall, ses grandes pièces nues, les plafonds qui ploient sous le poids de l'eau qui s'y est infiltré, ses jardins retournés à l'état sauvage, elle arrive à nous faire ressentir toute l'étrangeté qui suinte des  murs, en créant véritablement une atmosphère gothique, que l'on pourrait presque toucher du doigt.  C'est à vous donner froid dans le dos. 

Aussi, nous ne pouvons qu'être touché par tout ce qui arrive à la famille Ayres.  D'abord isolée physiquement, le devient aussi psychologiquement, comme si les murs de la maison se refermait sur elle, pour l'absorber complètement.  On se met à tourner les pages du roman avec angoisse en se demandant que va-t-il leur arriver d'autre?  On ne peut que s'attacher aux personnages, dont celui de Caroline.  En plus de posséder une réelle maîtrise de l'écriture, Sarah Waters est une formidable conteuse.  Tout au long du roman, elle joue sur nos nerfs, nous laissant dans un état permanent d'insécurité et d'incertitude.  Tout n'est que suggéré, parfaitement dosé, elle joue à merveille sur nos impressions. 

Sarah Waters frappe encore très fort!  L'indésirable est un excellent roman pour l'Halloween, et ferait aussi un fantastique film d'horreur, à mille lieux des films de peur à effets spectaculaires d'Hollywood, de par son climat oppressant.  Et jusqu'à la fin, on se demandera sont-ils fous ou y a-t-il vraiment quelque chose de maléfique à Hundreds Hall?  À chacun de se faire sa propre réponse... Mais moi, je sais que c'est un coup de coeur!

Les avis de Jules et de Suzan.

Source couverture et résumé : Éditions Alto.

14 commentaires:

Michel a dit…

Preuve que cette auteure sait bien nous faire vibrer et nous tourmenter
J'ai comme toi adoré cette lecture

Marguerite a dit…

Très beau billet ! Ce sera une de mes prochaines lectures.

Opaline a dit…

Michel : L'indésirable est le deuxième roman que je lis d'elle et elle est devenue une de mes auteures préférées

Marguerite : Merci beaucoup! Et je ne crois pas que tu tromperas en le lisant!

Joelle a dit…

J'adore cette auteure et je compte bien lire ce titre ... mais comme j'ai d'autres lectures à faire, je préfère attendre avant de l'emprunter à la biblio sinon, cela va être sur celui-ci que je me jetterai ;)

Allie a dit…

Tu achèves de me convaincre! Je l'ai souligné sur ma liste! Très beau billet en passant! :)

Opaline a dit…

Allie : merci pour ton commentaire! C'est un roman où tout est dans les impressions, dans un malaise, le doute...

Joelle : comme je te comprends! ;)

Sophie a dit…

Encore une lecture que nous aurons en commun, je l'ai acheté il y a quelques jours. Par contre ce n'est pas la même édition et contrairement à toi je n'ai jamais lu cette auteure.

Opaline a dit…

Sophie : Je crois qu'il s'agit d'une édition particulière au Québec. Sur le site de l'éditeur est mentionné à son sujet : "Première édition limitée (couverture rigide)" et la papier est très beau, c'est comme du parchemin. En tout cas, je te souhaite une très bonne lecture!

Suzanne a dit…

Très beau billet pour un excellent roman qu'il faut lire absolument.

Opaline a dit…

Suzaan : Merci pour ton commentaire!

Belledenuit a dit…

Je note avec envie. Merci :)

alinea a dit…

je note ce titre , j'ai lu "Du bout des doigts" de S. Waters et javais adoré.

Karine:) a dit…

Je n'ai lu que Fingersmith de l'auteure mais elle m'avait scotchée. Celui-ci est dans ma liste, bien entendu. Je lis tout plein d'avis positifs.

Anonyme a dit…

J'ai adoré et cela m'a oppressée du début jusqu'à la fin.
Mais pourquoi les choses ont-elles changé au moment de l'arrivée de Faraday?
Quel a été son rôle dans le désastre?
Est-il coupable? Le doute plane...